Bien que je sois dans les premiers à n'avoir aucune, mais alors absolument aucune confiance dans les discours politiquement corrects, je veux aussi attirer l'attention sur les risques des discours trop alarmistes. Un peu d'analyse critique pour évaluer le risque réel :
Les pastilles d'iode sont connues et efficaces pour assurer une protection contre l'absorption d'iode radioactif, mais il faut les considérer comme des médicaments avec les précautions associées. Saturer la thyroïde d'iode stable n'est pas sans risque, et ne doit se faire que si ça représente un danger inférieur à ce que c'est sensé éviter. Les cas de surdosages, intolérances, allergies aux conséquences mortelles ne sont pas rares.
Nos dirigeants ont été en dessous de tout dans la gestion de l'accident de Tchernobyl, c'est une évidence, la radioactivité était bien présente en France et certains en ont subi les conséquences. La confiance est rompue.
Pour un point plus précis sur ce sujet allez voir ici :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cons%C3%A9quences_de_la_catastrophe_de_Tchernobyl_en_FranceConcernant l'accident au Japon, les circonstances sont totalement différentes. Il n'y a pas eu dispersion d'un coeur en surpuissance, la quantité et la composition de la radioactivité rejetée pour l'instant n'est pas comparable. Pendant le déplacement du nuage au dessus du Pacifique, le temps joue favorablement, la dispersion volumique et la diminution naturelle de l'activité (l'iode 131 a une période de 8 jours) amènent à une estimation d'un pic de pollution en gros 1000 x plus faible, à peine détectable par les mesures de veille. Le souci majeur est au Japon, à proximité de la centrale (rayon de dizaines ou centaines de km), où les concentrations justifient des mesures réelles (évacuation, confinement, prise d'iode, décapage, élimination des aliments les plus exposés,...), sans parler des abords immédiats des réacteurs où, en plus, l'irradiation directe est importante.
Prendre des précautions mercredi et jeudi, je veux bien, mais ensuite ? Ce nuage ne fait pas que passer, c'est une dispersion qui recouvre progressivement l'hémisphère nord, et ne disparaîtra que par dilution, baisse d'activité et précipitation. Le risque n'est pas immédiat, un accident nucléaire est forcément un problème mondial durable, rien n'arrête l'étalement du panache (et surtout pas une frontière...).
Nous avons la chance d'avoir une météo clémente (un peu de vent, pas de pluie) qui facilite cette dispersion et surtout évite la concentration d'éléments radioactifs au sol entrainés par la pluie et le ruissellement.
C'est ce mécanisme de concentration de la radioactivité qui a causé le plus de dégât en France lors de l'accident de Tchernobyl, en créant localement des zones de niveau bien supérieur à la moyenne mesurée, contaminant des récoltes et finalement la chaîne alimentaire. C'est la seule chose qui à mon avis mérite d'être surveillée dans les temps à venir, bien que le risque soit là aussi très bas. La radioactivité ingérée représente le plus gros risque à long terme, pas celle de surface, facilement éliminée par une douche et changement de vêtements.
Au vu des niveaux attendus, même les mesures de "décapage" me paraissent exagérées.
Un peu de doc pour donner quelques bases sur le sujet :
http://lpsc.in2p3.fr/gpr/french/RadioOrdre/radioGrandeur/radioGrandeur.htmlPlutôt que de s'inquiéter d'un problème assez relatif, pensons plutôt à ceux qui ont subi un séisme, un tsunami, et sont menacés sur le long terme par les conséquences d'un accident nucléaire pas encore vraiment maîtrisé, sans parler de la possibilité de répliques importantes sur des infrastructures déjà bien touchées.
Et respect aux ouvriers et services de secours qui ont pris sciemment des doses importantes pour limiter la casse.
edit :
A peine j'ai envoyé cette tartine, je suis tombé sur cet article qui résume bien la situation :
http://effetsdeterre.fr/2011/03/23/laissez-les-enfants-sortir-il-fait-beau/